N.Bouraoui

« Céline est surprise par mon comportement, ce penchant. Rien ne penche en moi, tout se dresse, tout se tient. Je suis fière, au garde-à-vous, parée à l'attaque, le doigt sur le bouton de la bombe atomique, Orchestral Manoeuvre in the Dark, Enola Gay. Ca passera, dit Céline. Et ça ne va pas avec mon corps. Je ne suis pas androgyne, dit-elle. Je ne fais pas garçon manqué. J'ai du succès. Elle ne comprend pas. On veut toujours trouver une raison à l'amour des filles. On veut voir sous la peau, opérer, analyser. Androgynie, invertie, l'amour-monstre. Ce serait scientifique. Ca viendrait, par défaut. Androgynie, entre deux eaux. Moi je nage sous le lac. Moi je vois dans la nuit. Moi je marche sans canne. Je ne suis pas malade. Je suis en pleine forme depuis Diane. Je ne suis pas d'accord avec Céline. Elle parle comme un homme éconduit. Céline dit que certaines filles ont fait ce choix-là. Je ne comprends pas. Il n'y a aucun choix à aimer une fille. C'est violent. C'est l'instinct. C'est la peau qui parle. C'est le sang qui s'exprime. Céline n'a pas choisi d'aimer Olivier. Je n'ai pas choisi d'aimer Diane. C'est une loi physique. C'est une attraction. C'est comme la Lune et le Soleil. C'est comme la pierre dans l'eau. C'est comme les étoiles dans le ciel. C'est comme l'été et la neige. C'est de l'histoire naturelle. Ca reste longtemps dans le corps. C'est inoubliable. C'est la grande vie.
J'aime Diane, je suis milliardaire. »

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En ce qui me concerne, je me considère bi. Pourtant, je ne sais toujours pas au fond de moi si je suis homo / hétéro ou les deux. Peut-être ni l'un ni l'autre herm.
Si on me demande « qu'est ce que tu préfères chez un homme ? » J'ai envie de répondre son côté féminin. Si on me demande « qu'est ce que tu préfères chez une femme ? » J'ai aussi envie de répondre son côté féminin. Désolé, pour le stéréotype Homme/Femme.
En fait, je pense que j'ai + de « chance » de trouver ce que je recherche chez une femme que chez un homme. Pourtant, quand je m'attache vraiment à une fille (TRES rare) je ne sais pas si je ressens de l'amitié ou de l'amour à proprement parler. En ce qui concerne les gars, j'ai l'impression que j'ai de + en + une mauvaise vision d'eux sans en comprendre vraiment les raisons.

En fait, je ne comprends rien à ce que je ressens. Toutefois, je pense que le sexe de la personne m'apporte peu // m'importe peu. Pour moi, le plus important c'est « l'âme » d'une personne et tout ce qu'elle peut dégager. J'ai du mal à comprendre les personnes qui répètent qu'il ne faut pas donner trop d'importance au physique mais qui restent persuadées qu'elles ne pourront jamais tomber amoureuse d'une personne du même sexe. Selon moi, c'est paradoxal. Je pense que c'est se mettre des barrières à l'amour (même si je suis incapable de vous donner une définition de l'amour :-d).

Toutefois, je pense aussi que la société (la pression sociale) joue un certain rôle dans mon manque de compréhension envers mes propres sentiments.

Et après, je me répète « de toute façon quelle importance ? personne ne t'aime. Certains t'aiment bien.»

P.S : Mon livre ne rentre pas dans les normes. Une partie d'une page dépasse d'un cm env. Cette idée me fait sourire. Je regarde le numéro de la page : p.274 : 2+7+4 = 13. Un chiffre qui revient souvent dans ma famille. C'est un petit peu étrange. C'est un petit peu ridicule. C'est un petit peu moi.